Mes Forêts – Chapitre 1

Lecture de l’œuvre :

Entretien avec Hélène Dorion

Texte écho : « La vie profonde » de Anna de Noailles

Parcours : La poésie, la nature, l’intime.

Extrait du document proposé par Eduscol sur le recueil :

Comme le dit Michel Collot dans Paysage et poésie : « le paysage est toujours déjà une image du pays ; il relève à la fois du réel et de l’imaginaire, d’une perception et d’une construction, de l’objectif et du subjectif » (p. 180), ajoutant même que c’est « la perception qui construit le paysage » (ibid.), et qu’en la matière, en parlant du paysage, il ne faut pas « s’en tenir à une logique référentielle » (p. 95).


Hélène Dorion ne dit pas autre chose quand, dans « Fragments de paysages », elle déclare que « le paysage n’est pas qu’un dehors, il émerge tout aussi bien de l’intérieur. Il creuse au-dedans comme l’aube creuse dans le jour pour le faire advenir. Et s’il crée des images que transperce la langue, c’est pour rappeler à nous ces ailleurs qui soufflent sur l’ici. » « Au « landscape » du peintre – ajoute-t-elle encore – répondrait donc, selon le mot de Gerard Manley Hopkins, «l’inscape» de l’écrivain, ce paysage intérieur nourri d’images et d’impressions sensorielles ».


Dès lors, il ne sera pas étonnant de ne pas trouver, dans Mes forêts, les lieux réels ou les forêts près desquelles vit Hélène Dorion. Non pas les forêts du Québec, le parc national des Laurentides, mais bien plutôt, comme le répète le titre, maintes fois repris, avec son possessif « mes forêts », ce qu’elles sont pour elle, ou ce qu’elles sont à travers elle, comme elle les voit, ou les ressent, ou les éprouve.
Ainsi trouve-t-on, dans le livre, une quarantaine de fois, le leitmotiv « mes forêts
sont… ». À chaque fois, ce n’est pas une description des lieux réels qui se profile, mais une redéfinition de ces lieux par le prisme de l’imaginaire : vision plurielle, éclatée, toute subjective et personnelle qui renseigne bien plus autant sur le « je », le « je » qui regarde, que sur les forêts regardées depuis chez elle.


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