Corneille, Le Menteur, 1644

Parcours mensonges et comédie

Le texte intégral du Menteur, Corneille, 1644.

Histoire du théâtre (Synthèse)

Le XVIIe siècle

Pierre Corneille (1606-1684)

Né en 1606 dans une famille de la petite bourgeoisie de Rouen, Pierre Corneille étudie chez les jésuites, puis devient avocat. Sa vraie passion pourtant, c’est le théâtre. Il connaît le succès dès son coup d’essai et mène une carrière à la longévité impressionnante.

Pierre Corneille entre dès l’âge de 9 ans au collège des jésuites de la ville. Il brille en rhétorique et en latin, mais semble avoir été plutôt piètre orateur. Diplômé d’une licence de droit en 1624, il est reçu comme avocat au parlement de Rouen. Comme cela se fait à l’époque, son père lui achète une charge d’avocat du roi au siège des Eaux et Forêts et une autre de premier avocat du roi en l’Amirauté de France. Corneille les exercera jusqu’en 1648, avec le plus grand sérieux. 

Vivre de sa passion : le théâtre

Cependant, il s’est initié au théâtre chez les jésuites qui l’utilisent comme un moyen pédagogique ; il écrit des vers depuis toujours et fréquente les salons et les salles de spectacle de Rouen, à l’époque deuxième ville de France et haut lieu du théâtre hexagonal. Si bien que, en 1629, lorsqu’une troupe de théâtre itinérante passe par la ville, il confie à son comédien principal, Montdory, sa première comédie, Mélite ou les Fausses Lettres. Ce sera le début d’une longue collaboration avec la future troupe du théâtre du Marais (qui jouera Le Menteur en 1644). Mélite est un succès et lance la carrière artistique de Corneille, alors âgé de 23 ans. Le jeune auteur écrit d’autres comédies – La Veuve, La Suivante, La Place Royale, notamment –, mais s’essaye aussi à la tragédie avec Médée (1635). 

En 1635, il intègre la Société des cinq auteurs créée par Richelieu, ministre de Louis XIII, un groupe d’écriture collective auquel le cardinal passe commande d’œuvres sur la base de scénarios écrits par lui et contre rémunération. Cette tutelle n’empêche pas Corneille de conserver une certaine liberté.

Le Cid : le début de la gloire

C’est en 1637, avec Le Cid, sa tragi-comédie (une tragédie ayant une fin heureuse), que Corneille connaît la gloire, même si elle donne également lieu à une célèbre querelle du fait de ses manquements aux règles nouvelles du théâtre classique, de vraisemblance, de bienséance et des trois unités (lieu, temps et action).

Le père de Corneille est anobli cette année-là. En 1641, Pierre épouse Marie de Lampérière avec qui il aura six enfants. Le paisible père de famille poursuit une prolifique carrière de dramaturge où il explore tous les genres avec une assez grande liberté. Ainsi, il écrit et fait jouer des tragédies : Horace (1640) – dédiée à Richelieu –, Cinna (1641), qui a pour cadre l’Antiquité romaine, Polyeucte, (1641), puis La Mort de Pompée (1643). Il revient ensuite à la comédie avec Le Menteur (1644), puis La Suite du Menteur (1645). Il se consacre finalement seulement à la tragédie. À la mort de Richelieu, en 1642, Corneille continue à recevoir une pension de son successeur auprès du roi, le cardinal Mazarin. 

Du succès à l’oubli

Le 22 janvier 1647, le dramaturge entre à l’Académie française, créée en 1635 par Richelieu, au fauteuil n° 14 et, l’année suivante, il cesse d’exercer son métier d’avocat. 

Pendant quatre ans, il traduit L’Imitation de Jésus-Christ du latin au français – c’est un grand succès. Fait rare, celui que l’on qualifie parfois de « Sophocle français » édite ses propres œuvres complètes, puis crée encore de nombreuses tragédies : Œdipe (1659), Sertorius (1662), Othon (1664) et, enfin, Suréna (1674), sa dernière pièce. Corneille est assez complice avec Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, dont une rumeur, née au XIXe siècle sous la plume du poète et romancier Pierre Louÿs, affirme même qu’il aurait écrit certaines de ses pièces.

En revanche, l’auteur du Cid, se voit peu à peu éclipsé par Jean Racine (1639-1699), en particulier en 1670, au moment de la publication de Tite et Bérénice, qui ne fait pas le poids face au Bérénice de son jeune rival.

Corneille entame une période de retraite durant laquelle il se consacre au lyrisme sacré et à des réflexions sur son art et son système dramatique. Sa vie est moins gaie : il voit sa pension suspendue et perd un fils pendant la guerre de Hollande en 1674. Malgré tout, la longévité de sa carrière, comme la variété et la puissance de son œuvre, forcent le respect. Louis XIV, que l’auteur glorifie dans des poèmes, continue à faire jouer ses pièces à Versailles. Corneille meurt le 1er octobre 1684 à Paris, à l’âge de 78 ans.


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